On s’approche et l’on creuse le creux dedans le tronc
Là où se recueillent les impressions du monde
Il reste l’incandescent vide brûlé
Couvert d’une peau noire âpre
Trace d’obscurité
Souvenir brutal du feu fou
Soudain le sol pose lourdement
Ancré par les sombres crêtes
Issues du bois de l’arbre archaïque
Et de l’horizon sans date
Forgé d’air doré
Puis le bois se tisse
En nid d’écailles rugueuses
Pour saisir en son creux sauvage et crépitant
L’ombre de l’humain
Qui vient y replier sa face
L’écorce se plisse au dehors
Ecarte la matière
Grave
Des rides tendues et des failles aiguisées
La masse élevée dresse sa coque
Ramasse son corps de chair cassante
Bée
Percée de lèvres épaisses ourlant à profusion
Une peau fine parfois coule
Epiderme d’artifice lucide
Lentement attendri de sève contenue
Et déborde
Tronc démembré
Porte pesante d’abandon qui s’ouvre
S’offre et grince
Leurre
Invite démesurée
Repoussante alors de son écorce qui écorche
Le corps s’y blesse mais l’âme s’y glisse
Sensuelle
Suspendue aux fils du vide obscur
Happée
Dans les filets tressés serré d’un monde du dessous
Près de la terre
Ces objets du lointain partout appellent l’absence de veille
Le corps se niche dans la masse légère du ventre oblong d’une nasse qui passe au fil du sol
Cela porte immobile dans une ombre voilée
Aux bords de l’arbre nid
Ses plumes vibrent aux bords
Comme des feuilles d’or aux petits vents
Sa bouche large conduit à son tunnel debout
Dans sa ténèbre sourd le sommeil de l’oubli
Passé leurs lèvres longuement fendues
Tous ces ventres étroits disposent
Leurs ajours et béances durs
Jettent sur le corps qui s’y love les taches de la lumière tramée
Pieux et cercles d’épines
Gardiens de rêve
Encerclent le dehors
De l’arbre
La maternelle origine
Posée là
Chose immense et première
Chair Epaisse pétrie d’indifférence dense
Violemment érigée
A jamais perdue
Fermée sur son impénétrable désir
Maintenant
Me voilà tenu de mesurer ma passion à la chose de cet impossible moule
Texte : Stéphane HAZERA