Souffle écolo et poétique au Patio

Ils ont tous les deux passés une grande partie de leur enfance à Anglet où résident leurs parents, et fait les beaux-arts à Bayonne. Mais Claire Forgeot et Christophe Doucet, les deux artistes exposés jusqu'au 14 octobre au Patio ont surtout pour point commun de développer un langage artistique en prise avec la nature.
C'est donc aux noces du minéral et du végétal que nous invite en cette rentrée le service des affaires culturelles de la ville, pour une manifestation toujours très appréciée du public.
L'art est en effet intimement chez lui sous les arcades de l'hôtel de ville, où le murmure de la fontaine et le léger bruissement du vent dans les massifs, est un appel à rentrer dans les œuvres, à méditer sur leur sens philosophique et poétique. Bref, s'offrir une respiration artistique.
Cette symbolique est particulièrement forte chez Christophe Doucet. Ce quadra au visage de jeune homme des années 50 était fasciné par le land art et l'arte povera quand il faisait les beaux-arts à Bordeaux. De retour dans les Landes, pays de sa famille, il retrouve avec les forestiers et au cœur des pins, les mêmes sensations, les mêmes émotions, odeurs, pulsions, vibrations que devant un igloo de Mario Merz. Il s'inspire alors des signes utilisés par les bûcherons, scieurs et autres débardeurs pour délimiter les parcelles, se construit un territoire mental, un langage artistique. Un dialogue s'instaure. Les deux chênes massifs qui accueillent le visiteur à l'entrée, figurent ces symboles quasi kabbalistiques que décodent les hommes des bois. Christophe Doucet a connu et fréquenté le poète Bernard Manciet. Ses sculptures sont habitées. Il représente les outils, les cabanes, creuse une pirogue dans un tronc foudroyé, fait naître des fleurs dans une bille de platane.
Claire Forgeot est ravie d'exposer en sa compagnie. Car les cailloux plein de sève que cette dernière a représentés sur ses toiles (vingt deux acrylique et pigmentss sur toile), ces minéraux qui fleurissent nous chuchotent une autre philosophie de vie et sont comme une métaphore de la fragilité de notre planète mais aussi des possibilités incroyables dont recèle l'univers pour ceux qui se donnent la peine de regarder le monde autrement.
Cette Angloye exilée à Paris aime laisser les portes ouvertes vers l'étrange.
L'exposition est ouverte tous les jours de 10 h à 12 heures et de 15 h à 18 heures sauf dimanche. Entrée libre.

Olivier Bonnefon, in Sud-Ouest, 2006