...Le Landais Christophe Doucet (atelier dans une ancienne distillerie de résine) a assemblé une panoplie d’outils démesurés (on se souvient de René Rioux) aux fonctions incertaines, lames ou manches hypertrophiés ou humothétiques, bàtons magiques ou votifs, assemblés en plusieurs essences de bois, parfois ornés de volatiles de bronze. Ce sont aussi des pièges, des nasses ou des nichoirs de barbelés-ronciers, des perches ou pinces ciseaux à capturer les oisillons ou à élaguer et cueillir on ne sait quelle baie médicinale, casse-tête et armes primitives ou outillages bruts de sarclage. Doucet n’est que rudesse et poésie gasconne, un cousin des Lubat et Manciet, qui scrute l’état à demi-domestiqué d’un patrimoine qu’on voudrait normaliser. C’est un guetteur et un mage qui a déjà façonné son autel sarcophage cinéraire (à la manière des Indiens d’Amérique du Nord). Un biotope curieux se constitue dans l’imaginaire, issu de ces objets, échappés à l’ère des géants....

Gilles Christian Réthoré Sud-Ouest Mardi 25 mai 1999