« Certains objets archéologiques, souvent parmi les plus fascinants, posent des problèmes d’identification aux spécialistes. lls semblent utilitaires mais certains de leurs éléments sont atrophiés au point qu’ils ne peuvent plus remplir ce qui avait apparemment été leur fonction première. Le travail de Christophe Doucet introduit cette problématique du double fonctionnement de l’objet.
Ce sont des filets en fil de fer tressé dont les formes fuselées ou ovoïdes évoquent tout à la fois des instruments à piéger et des éléments organiques tels des cocons ou des nids; c’est un couteau monumental taillé grossièrement dans une poutre et monté sur quatre roues; c’est une immense fourche de bois dont les deux branches ont été liées entre elles à leur extrémité et qui fait songer à un bâton de sourcier entravé; c’est un objet à dent de cuivre dont le manche est sculpté dans une loupe d’orme que 1’ on peut identifier comme un petit plantoir à anneau; ce sont des pinces formées de deux bâtons longs et fins, joints et articulés en leurs milieu; ce sont des tiges ligaturées, écorcées, taillées, glissées dans des creux de troncs d’arbres eux mêmes consolidés par de la tôle de zinc et qui évoquent un travail de greffier.
Dans les installations qu’il propose, Christophe Doucet dispose ces objets d’une façon minutieuse. Certains sont appuyés en ligne contre des simulacres de cabanes selon une orientation qui n’est certainement pas fortuite, d’autres sont glissés dans des abrits de fortune, d’autres encore sont suspendus à la manière d’objets votifs. Cette place même, précisément assignée à chacun de ces outils singuliers, participe de leur fonctionnement à la fois utilitaire et rituel. »

Anne d’ ANDRIESENS